Conçu dans une démarche interdisciplinaire, le projet TYPOREF a pour ambition de recenser, décrire et étudier les matériels typographiques français de la Renaissance en développant des outils de recherche qui permettront l’exploitation scientifique de corpus de livres numérisés et en mettant en place une plateforme numérique dédiée, intégrée au portail des « Bibliothèques Virtuelles Humanistes ».

La base de données BaTyR a ainsi fait l’objet d’une refonte totale en 2023-2024 (ANR TypoReF) ; présentée en avant-première à l’occasion de l’assemblée générale 2024 BVH en nov. 2024, sa mise en ligne publique est effective en avril 2025.
Depuis juillet 2024, l’université de Tours bénéficie en outre de la 1ère instance fonctionnelle et mutualisée de la solution open-source Arkindex (Teklia) hébergée par une institution publique, déployée et maintenue au LIFAT par le CETU ILIAD3. Grâce à Biblissima+, cet équipement permettra de produire des traitements et analyses automatisés sur les documents anciens avec IA (Deep Learning), en complémentarité de l’outil Agora élaborés par le LIFAT.



Étude du matériel typographique
– Développement de la nouvelle base de données BaTyR (CESR-BVH)
Le projet ANR TypoReF vise à réunir des données de référence au sein d’une « Base de Typographie de la Renaissance » qui permet la comparaison, l’identification et la description de caractères et d’ornements, en s’appuyant sur les données de la version bêta de la Base de typographie de la Renaissance élaborée en 2013 (BaTyR), dont la structure a été intégralement repensée et étendue en 2023-2024. Sans prétention à l’exhaustivité, le projet vise au traitement et l’indexation d’un corpus jugé représentatif, comptant 20 000 à 30 000 occurrences d’ornements gravés et 200 à 300 polices de caractères.
En 2023, R. Jimenes et S. Ferjani ont établi la modélisation de la nouvelle base de données BaTyR, dont les interfaces d’administration et de consultation ont été développées du 1er septembre 2023 au 30 juin 2024 par une ingénieure d’études en ingénierie logicielle (Victoire Müller, sur financement ANR TypoReF). La coordination des activités techniques et la rédaction de la documentation ont pu être supervisées par le pôle numérique du CESR (Sarra Ferjani) et en lien avec la MSH Val de Loire (réseau de développeurs). L’interopérabilité avec les développements réalisés par le LIFAT (déploiement d’une plateforme Arkindex) et plus globalement au sein des BVH dans le cadre de la refonte de son infrastructure et de son modèle de données reste un enjeu majeur du projet (voir infra).
– Alimentation de la base BaTyR
Dans le cadre du projet ANR TypoReF, le recrutement d’une ingénieure d’études en analyse de sources historiques, Anna Baydvoa, a été réalisé au 11 mars 2024, pour une durée totale de 30 mois. Spécialiste reconnue du livre illustré et de l’estampe, elle est chargée d’alimenter la Base de Typographie de la Renaissance en y intégrant la description de nouvelles planches gravées extraites de numérisations dont les photographies sont accessibles via le protocole IIIF (BVH, Gallica, E-rara, MDZ, Bibliothèques numériques de l’Institut de France…). Depuis l’été 2024, l’alimentation de la base BaTyR a atteint sa « vitesse de croisière », avec une moyenne de 500 nouvelles planches décrites chaque mois. Au printemps 2025, Anna Baydova sera secondée dans ses missions par le recrutement de deux stagiaires (2 x 4 mois, sur ANR Typoref), qu’elle est chargée d’encadrer.
Parallèlement au travail d’indexation des planches gravées, la Base de typographie de la Renaissance comprend une table visant à recenser les polices de caractères. Son administration est directement prise en charge par le porteur du projet. 344 polices de caractères en usage dans le royaume de France ont d’ores et déjà été intégrées à la base. La base compte déjà à ce jour (10 mars 2025) 18 782 occurrences de 11 182 planches gravées, et quelque 344 polices de caractères1.


– Partenariats documentaires [en cours et à venir]
La Base de Typographie de la Renaissance ayant vocation à recueillir les descriptions de matériels d’imprimerie conservés, de nombreux partenariats ont été préparés ou mis en œuvre dans le cours de l’année 2024. Sont notamment concernés : le Musée de Tessée au Mans (150 bois gravés numérisés au printemps 2024), l’Atelier du livre de l’Imprimerie nationale (convention en cours de signature), le Musée Plantin-Moretus (rencontre envisagée à l’été 2025), le Musée d’Art et d’Histoire de Genève (visite programmée en avril 2025), le Musée de l’Imprimerie et de la Communication graphique de Lyon (visite en juin 2024 ; partenariat conventionné fin mars 2025) et la médiathèque de Troyes (visite en février 2025).

Reconnaissance d’image et analyse des formes
– Contexte & rappel du partenariat LIFAT-CESR
Dans le cadre d’une collaboration historique établie dès 2003, concomitante à la genèse des Humanités Numériques, le CESR et le LIFAT ont développé les logiciels de reconnaissance d’images et de caractères Agora et Rétro pour l’analyse et l’indexation de la mise en page d’images de livres imprimés de la Renaissance. Les traitements des corpus numérisés nécessitent la mise en place d’une infrastructure informatique dédiée, renouvelée et performante, incluant des outils de production et d’analyse des données (images, textes, métadonnées et tous contenus produits pour la recherche et la valorisation de ces premiers) exploitant les dernières avancées dans le domaine de l’IA (deep learning).
Dans la continuité de la refonte de l’infrastructure numérique et documentaire des BVH2 soutenue par l’Equipex Biblissima+ – équipement structurant national organisé en consortium (2022-2029 ; resp. C. Lastraioli pour le CESR) – les BVH poursuivent le partenariat avec l’équipe RFAI (Reconnaissance de formes et analyse d’images) du LIFAT (T. Brouard) et dorénavant le LISTIC (université Savoie-Mont-Blanc, où exerce le Pr. Jean-Yves Ramel depuis septembre 2024), afin de déployer une plateforme de traitement et d’analyse d’images ouverte et adaptée aux besoins de l’analyse des documents anciens numérisés. Sur la base des performances antérieures de la version historique d’Agora, le LIFAT assure également la création de modèles non deep pour le filtrage et le ré-étiquetage d’éléments de contenus.

– Déploiement de la plateforme de reconnaissance d’image TypoReF en partenariat avec le LIFAT (ARKINDEX)
La nouvelle plateforme nécessite de développer les fonctionnalités suivantes :
- segmentation sémantique des images de documents à l’aide d’architectures d’apprentissage profond (pour remplacer l’ancien logiciel AGORA),
- le clustering des éléments de contenu extraits (pour remplacer l’ancien logiciel Rétro),
- l’importation/exportation des données depuis/vers la base de données selon des standards tels que le format ALTO ou le protocole IIIF.
Le travail a été préparé pendant les années universitaires 2022-2024 par plusieurs plusieurs PRD (projets de fin d’études) complémentaires confiés à des étudiants en informatique et supervisés par Thierry Brouard (LIFAT).
Un ingénieur d’études en ingénierie logicielle recruté en septembre 2023 sur financement ANR TypoReF avait pour mission de produire des modèles de deep learning (computer vision). Pour tester, améliorer et utiliser ces modèles pour les traitements visés, la solution logicielle Arkindex (société TEKLIA) a été retenue à l’issue d’une phase de tests par le LIFAT, en fin d’année 2023 et début 2024. Les modèles créés par le LIFAT (deep et non deep) sont appelés à être mis à disposition sous forme de workers en open-source intégrés à la future plateforme. Cette solution permet de bénéficier de l’existant et répond aux besoins du projet, sans avoir à re-développer totalement une nouvelle plateforme (ce que les financements ANR et Biblissima+ ne permettent pas).

La répartition du travail et des tâches a dû être revue et programmée en conséquence pour 2024-2026, nécessitant le déploiement d’une instance locale d’Arkindex et de son infrastructure technique à l’Université de Tours, ainsi que la mise en place de prestations et de partenariats dédiés (TEKLIA, CETU ILIAD3). Cette replanification n’a cependant pas pu être mise en œuvre totalement durant l’année 2024 (les missions de l’ingénieur R&D recruté sur ANR Typoref ont dû être réaffectées).
La mise en open-source d’Arkindex n’a été publiée par TEKLIA qu’à compter de fin mars 2024, et la documentation technique indispensable produite et publiée progressivement par la suite, requérant un suivi assidu de la part des membres de l’équipe et intervenants impliqués. L’investissement consenti pour une montée en compétence interne à l’UT (CESR-LIFAT-ILLIAD3) devra permettre au terme du partenariat avec TEKLIA, une autonomie de la maintenance, de la gestion des usagers et avant tout de la gestion et création des nouveaux workers produits par le LIFAT (en cours en 2025).
Un stage de Yacine HBADA encadré par Thierry Brouard (L3 Informatique, UFR Informatique de l’UT – financement ANR TypoReF) a permis de tester et documenter l’intégration de modèles deep sous Akindex pour le LIFAT et ILIAD3. En parallèle, un groupe d’étudiants ingénieurs en informatique de Polytech’Tours3, encadré par Jean-Yves Ramel, a travaillé à l’interfaçage entre Arkindex et le prototype du futur service « Agoraweb » développé par leurs soins. Il s’agit de proposer un service web dédié à la génération de scénarii pour en permettre la gestion et l’utilisation par un usager (février-juin 2024). Le prototype d’« AgoraWeb » (sous Docker) est fonctionnel et documenté depuis juin 2024, mais nécessitera des développements complémentaires programmés en 2025 (J.-Y. Ramel).

Grâce à l’accompagnement et l’expertise tant du partenaire privé TEKLIA que du CETU ILIAD3 (Barthélémy Serre, Olivier Roussey), l’université de Tours bénéficie donc depuis juillet 2024 de la 1ère instance fonctionnelle et mutualisée de la solution open-source ARKINDEX hébergée par une institution publique, déployée et maintenue dans l’infrastructure de l’UT par le CETU ILIAD3 (LIFAT / DSI / Data Center régional).
Porté par le CESR-BVH et le LIFAT, une demande de co-financement a été déposée en décembre 2024 pour l’achat de GPU en investissement. S’il est financé, cet équipement permettra de produire des traitements et analyses automatisés par IA (Deep Learning) sur des documents qui nécessitent une puissance de calcul importante et qui ne peut être fournie que par ces équipements GPU.
– Partenariat innovant avec la société TEKLIA
Négocié et mis en place administrativement courant 2024, un marché public innovant a enfin été engagé officiellement avec la société TEKLIA en février 2025 (Biblissima+). Le marché innovant permettra de financer la formation, l’accompagnement et l’expertise apportés par la société pour la mise en place du projet jusqu’à octobre 2026. Cette plateforme sera ainsi complétée et augmentée par l’ajout des nouveaux workers développés par le LIFAT, associé aux développement de fonctionnalités spécifiques dans le framework d’Arkindex (pour Agoraweb), constituant la partie innovante du projet.
– Partenariat avec la cellule de transfert ILIAD3 (CETU, Univ. Tours)
Le co-financement obtenu (AAF sur préciput ANR 2024 de l’UT) en mars 2024 permettra de financer le travail du CETU ILIAD3 jusqu’à 2026. La mise en place effective de la plateforme Arkindex a ainsi été possible grâce à l’investissement et l’implication du CETU ILIAD3, en lien avec la société TEKLIA et la DSI de l’Université de Tours. ILIAD3 assure, dans le cadre d’une prestation interne à l’UT, l’administration et la maintenance de l’infrastructure dédiée à Arkindex, ainsi que l’accompagnement pour le développement des workers. En outre, la montée en compétences interne se confirme en vue de proposer, à termes, le service à d’autres usagers (formation & recherche).
Activités de recherche et de valorisation
L’ensemble des modèles, des développements et des jeux de données sera mis à disposition des communautés dans les entrepôts de données ouverts et via la nouvelle plateforme ainsi créée et rendue accessible. Les acquis d’expérience, outils et méthodologies aguerries pourront être réutilisés par les partenaires de l’Equipex Biblissima+. Ils pourront également bénéficier à l’ensemble de la communauté SHS – à commencer par les équipes et laboratoires de l’Université de Tours, notamment via l’atelier numérique de la MSH Val de Loire – et contribuer aux réseaux nationaux et internationaux (pôle de compétence et participation au Cluster 3 de Biblissima+ ; Consortium-HN ARIANE de l’IR* Huma-Num ; etc.).

Extrait du bilan 2024 rédigé dans le cadre de l’Equipex+ Biblissima+, par Sandrine Breuil et Rémi Jimenes (mars 2025).


TypoReF, ANR-22-CE27-0009

Biblissima+ bénéficie d’une aide de l’État gérée par l’ANR au titre du Programme d’investissements d’avenir intégré à France 2030, portant la référence ANR-21-ESRE-0005
- Les chiffres sont actualisés en direct, ici : https://batyr.univ-tours.fr/fr/presentation [↩]
- Voir le bilan 2024 dédié : https://bvh.hypotheses.org/12788 [↩]
- Enzo Winandy (Chef de projet), Saad Aniq Filali, Salim Benameur, Samia Carchaf, Hugo Hovhannessian, Quentin Varesano (étudiants de Polytech’Tours, Projet de fin d’étude, LIFAT-CESR [↩]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Sandrine Breuil (17 mars 2025). Répertoire des décors typographiques : reconnaissance automatique des formes et des fontes pour l’identification des imprimeurs (Biblissima+ & TypoReF) | Bilan d’avancement 2024. Bibliothèques Humanistes. Consulté le 22 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13v5p